Maniac Shadows #1, Zion Park, USA, 2022

Remembrance du Cerf Élaphe, Zion Park, USA, 2022

Sans titre, Zion Park, USA, 2022

Maniac Shadows #2, Zion Park, USA, 2022

Méandre, Zion Park, USA, 2022

Maniac Shadows #3, Zion Park, USA, 2022

Maniac Shadows #4, Zion Park, USA, 2022

Sans titre, Zion Park, USA, 2022

Sans titre, Zion Park, USA, 2022

 

Détour, Zion Park, USA, 2022

 

Allure du temps et fantômes

Nous habitons le monde à partir des images que nous nous faisons de lui. En ce sens, il semblerait que construire des manières d’habiter le monde (B. Latour) passe aussi par des manières de fabriquer des images.

En creux à mes réflexions plastiques, je m’applique à modeler une temporalité spécifique : celle d’un temps qui a une épaisseur et dans laquelle se sédimentent la mémoire et les rêves. Ce temps - à l’instar de la pensée - n’est pas linéaire (cause/effet), il est constitué de boucles de rétro-actions où la chaîne de causalité avale sa propre queue (pensée systémique). Le passé n’est pas seulement ce qui a eu lieu, il est aussi ce qui a été rêvé. Nous habitons et sommes hantés par les ruines des rêveurs du passé et à notre tour, nous sommes les bâtisseurs par le biais de nos propres rêves présent, de ce qui constituera les ruines de nos héritiers.

Paysages inconfortables. Il y a faille, brisure, suspension d’évidence. Il nous faut d’abord nous souvenir de notre héritage, de la mémoire des sols qui grondent, des organismes et des fantômes qui nous habitent et que nous portons, malgré nous, comme des enfants amnésiques. Cela passe d’abord par un refus des postures ou des pratiques qui se constituent dans un rapport cannibalistique à l’altérité. Ce rapport est celui d’une attention, d’un souci, d’une vigilance. L’état de vigilance est un état de lenteur, de contemplation qui s’étire dans le temps. C’est une attention profonde qui prend le contre-pied du temps éclaire de l’immédiateté pour devenir un espace de partage commun. C’est un soin que l’on cultive dans le rapport que l’on entretien avec l’Autre, qu’iel soit humain ou non-humain. Prendre soin de nos relations et de leurs modes d’existences va de pair avec le fait de prendre soin de la fabrique de nos images.

« Il reste toujours une ombre de quelque chose. Et qui reste longtemps. Maintenant il n’y a plus que l’ombre de ma mère, qui m’a transmit l’ombre de ma grand mère etc etc. On voit des images projeté normalement et puis on voit les mêmes images qui ne deviennent plus que l’ombre d’elles mêmes. C’est un peu ça Maniac Shadows.»

Chantal Akerman - Maniac Shadows, Nuit Blanche 2013 au Théâtre du Châtelet, Paris

 

2022

MANIAC SHADOWS

Série de photographique réalisée dans les parcs naturels de l’Utah, de la Californie et du Nevada en juin 2022, USA.

120 x 80 cm