«Identité frontalière»
«C’est par ce terme que je définis habituellement ma propre identité. Je la dis frontalière, ancrée, non pas dans un lieu de rupture, mais, au contraire, dans un espace d’accolement permanent. La frontière, telle que je la définis et l’habite, est l’endroit où les mondes se touchent, inlassablement. C’est le lieu de l’oscillation constante : d’un espace à l’autre, d’une sensibilité à l’autre, d’une vision du monde à l’autre. C’est là où les langues se mêlent, pas forcément de manière tonitruante, s’imprégnant naturellement les unes des autres, pour produire, sur la page blanche, la représentation d’un univers composite, hybride. La frontière évoque la relation. Elle dit que les peuples se sont rencontrés, quelquefois dans la violence, la haine, le mépris, et qu’en dépit de cela, ils ont enfanté du sens. Ma multi appartenance est porteuse de sens. Elle rappelle, à ceux qui croient en la fixité des choses, des identités notamment, que non seulement la plante ne se réduit pas à ses racines, mais que ces dernières peuvent être rempotées, s’épanouir dans un nouveau sol. Une plante peut également croiser ses racines avec celles d’une autre, et engendrer un nouvel être vivant. Le monde auquel nous appartenons est d’abord celui que nous portons en nous.»
Léonora Miano, «HABITER LA FRONTIÈRE, Paysages francophones - Journée internationale de la francophonie, Université de Copenhague (Danemark)» conférence de 2009 recueillie dans HABITER LA FRONTIÈRE, L’Arche, 2012, p.25
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«Selon moi, l’observation, l’expérience et ce que j’appellerai l’alignement avec les connexions des racines mycorhiziennes, est une façon d’apprécier les enchevêtrements de la vie sur Terre.»
Anna L. Tsing (anthropologue)
© Célia Boutilier, Maniac Shadows #3 C.A, dyptique, (photographie de gauche) désert de Joshua Tree, (photographie de droite) parc national de Zion, USA, 2022. Format 140 x 46,60 cm, dimensions variables.
© Célia Boutilier, Sans titre (paysage #1), assemblage photographique - parc national du Grand Canyon et parc national de Zion, USA, 2022. Format 70 x 102,2 cm, dimensions variables.
© Célia Boutilier, Sans titre (paysage #2), parc national du Grand Canyon, USA, 2022. Assemblage photographique, format 70 x 87,20 cm, dimensions variables.
© Célia Boutilier, Holobionte (unité visio-fonctionelle), assemblage photographique de roches de bord de mer et d’arbres enneigés (un peu givrés), Son Caliu, Majorque, Espagne et Plancher-les-Mines, France, 2023. Format 90 x 92,50 cm, dimensions variables.
Je vous présente ici quelques photographies qui reposent sur ce que j’appelle un « regard symbiotique ». Cette proposition fait suite d’une part à un voyage que j’ai réalisé aux USA dans les parcs naturels de l’Utah, de la Californie et du Nevada en juin 2022 ; d’autre part, elle s’inscrit dans le cadre de ma collaboration avec le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris dans le cadre de ma recherche doctorale (2021-2024) avec le laboratoire des symbioses végétales (1).
(1) Référents au muséum : Les biologistes Marc-André Selosse et Florent Martos épaulé par Rémi Pétrolli et Eve Hellequin - suivit de travail et orientation dans l’institution - (UMR 7205 - Equipe Interactions et Evolution Végétale et Fongique). Véronique Roy, Chef de projet – Action culturelle - Art et science du MNHN.
2023
HABITER LA FRONTIÈRE / SYMBIOSE N°1
Assemblages de différentes photographies réalisées aux USA, en Espagne et en France, dimensions variables.