“La construction de l’objectivité n’a rien d’objectif : elle engage une manière singulière mais non exemplaire de se rapporter aux choses et aux autres”*

* STENGERS, Isabelle, L’Invention des sciences modernes, La Découverte, Paris, 1993, p.46

 

MOONSCAPE - In-tranquillité, 2019

MEASUREMENTS - Matters that matter to you, 2019

STEAMSCAPE - Pérégrinations stratosphèriques, 2019

Exposition de "Rêverie Cosmique" à la firme de droit international des affaires, Gide Loyrette Nouel, du 29 juin au 29 septembre 2020

 

MOONSCAPE - In-tranquillité, 1min28, 2019

 

STEAMSCAPE - Pérégrinations stratosphèriques, 1min13, 2019

 

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Dans ce projet, les gouttes tombent lentement, très lentement, sur une surface recouverte de spores de lycopodes. Le spectaculaire de l’impact est dilaté. La goutte chute et rebondit sur la surface, elle se divise en plus petites parties et se disperse jusqu’à l’immobilité. En dynamique des fluides, au sein des pratiques de visualisation des systèmes instables, les échelles de temps et d’espace se déploient de façon singulière. La pièce vidéo MOONSCAPE se compose de manipulations réalisées avec une caméra à haute vitesse du laboratoire d’Hydrodynamique des fluides de l’École polytechnique (LadHyX). Les objets représentés sont des gouttes d’eau, la fenêtre temporelle est de l’ordre de la seconde. Comme dans Protoformes, le flou ramène au registre de la macro-photographie et convoque la précision scientifique, celle de la présupposé « vérité du détail ». Ce choix esthétique s’inscrit dans la lignée d’une histoire de la photographie où les images de gouttes sont grandiloquentes - je pense notamment aux études de goutte de Mason Worthington (1893) ou encore à Milk Drop Coronet de Harold Edgerton (1957). Un sentiment d’étrangeté émerge finalement, lorsque l’on réalise que l’œil qui voit est un œil non humain - une machine technique : ce n’est qu’à travers l’appareil que nous percevons ce qui nous serait impossible à voir sans sa présence médiatrice.

 

2019

MOONSCAPE - In-tranquillité 1min28

Pièce vidéo n°1


 

La pièce vidéo MEASUREMENTS se compose de quatre plans séquence qui prennent pour sujets deux instruments météorologiques de mesures du SIRTA* dont la fonction est de quantifier les éléments naturels.

Que faire de toutes les données qui ne rentrent pas dans l’algorithme ? Si la mesure les rejette ou les met de côté, existent-elles encore ? Comment et ou le peuvent-elles ?

De ces questions découle des plans fixes qui monumentalisent la mesure et confrontent la fonction de ces objets - la clarté de l’analyse - à l’étrange indiscernabilité de leurs formes. L’anémomètre s’agite, avec ses cymbales il bat le tempo du vent au ralentit, tandis que le pluviomètre reste impassible, son pistil attend la pluie.

(*Site Instrumental de Recherche par Télédétection Atmosphérique, École Polytechnique)

 

MEASUREMENTS - Matters that matter to you 0min55

Pièce vidéo n°2


La pièce vidéo STEAMSSCAPE se compose de cinq plans séquence qui prennent pour sujet les objets en présence dans la stratosphère basse. Partie à la recherche de la provenance des gouttes d’eau, STEAMSSCAPE pérégrine dans un paysage nuageux presque solide, vue à travers une fenêtre griffée et givrée.

Sortir du dedans du laboratoire, des scènes d’intérieurs comme des microcosmes techniques que l’on envie, des environnements apaisants, des bulles étanches. La technique empêche d’être au monde parce qu’elle cajole, elle place dans une dépendance artificielle, en dehors de l’air, dans l’espace climatisé de la cabine. En cela, l’évasion spatiale nous reconduit sur terre où il est question de l’habiter sans habitacle.

«Dehors, le temps du monde, les roches le savent et ne l’oublient pas, alors pour connaître la temporalité de l’univers il faut faire parler les pierres.»

 

Synopsis

“Les trois pièces du projet vidéo Rêverie Cosmique propose trois jeux de va-et-vient entre le gargantuesque et le minuscule, thématique présente dans le domaine des images de sciences. À travers ces trois œuvres, Célia Boutilier entend créer une passerelle entre deux échelles fondamentalement lointaines. « Photographier les objets signifie les donner à voir, mais aussi les transformer. Transformer les choses évidentes m’intéresse énormément », explique l’artiste. Les trois pièces vidéos proposées, Moonscape, Measurements et Steamsscape, se côtoient dans leurs différences et s’aventurent dans la complexité des images et des outils qui les fabriquent.”

Cabinet GIDE loyrette nouel, 2020

La nature morte est un paysage et le paysage est une nature morte lorsqu’une vue de microscope convoque un horizon lunaire ou stratosphérique. Puisque la physique est le lieu de la matière et du mouvement des corps, l’image scientifique de la goutte d’eau fait émerger un imaginaire bio-morphique qui accuse l’in-tranquillité du matériau, elle se mêle aux formes gargantuesques des instruments de mesures qui ont pour fonction de la quantifier et rencontre une pérégrination stratosphèrique, partie sur les traces de sa provenance.

 

STEAMSCAPE - Pérégrinations stratosphèriques 1min13

Pièce vidéo n°3